Démystifier la grippe aviaire
Depuis quelques temps, la menace de grippe aviaire fait les manchettes des médias et alimente des rumeurs. Mais en quoi consiste vraiment ce virus? Pourquoi la communauté scientifique semble-t-elle si inquiète?
Depuis quelques temps, la menace de grippe aviaire fait les manchettes des médias et alimente des rumeurs. Mais en quoi consiste vraiment ce virus? Pourquoi la communauté scientifique semble-t-elle si inquiète?
La grippe aviaire fait référence à un ensemble de virus de l’influenza, nom scientifique de la grippe, qui n’affectent habituellement que les oiseaux. En de rares occasions, ces virus développent la capacité d’infecter d’autres espèces animales, souvent les porcs et les humains, qui ont été en contact avec des volailles. Il y a alors des risques que le virus de la grippe aviaire rencontre le virus de la grippe humaine. Si les deux virus se combinent pour former un nouveau virus, le virus mutant de la grippe pourrait être très contagieux entre les humains. En d’autres mots, le nouveau virus pourrait acquérir la capacité de se transmettre comme une grippe normale – en éternuant et en toussant - et l’infection pourrait rapidement se transmettre. L’épidémie mondiale, appelée pandémie, ne serait alors plus impossible et pourrait au mieux être retardée, mais pas empêchée. C’est ce que redoutent les scientifiques, car comme le virus est nouveau, les humains n’auront pas d’immunité pour le combattre et risquent d’être plus malades qu’avec une grippe normale.
Le virus de la grippe comporte de très nombreuses variantes. On compte trois types de virus d’influenza (A, B et C), 16 sous-types H et 9 sous-types N. Depuis huit ans, les scientifiques traquent l’évolution de la fameuse souche H5N1, une variante nouvelle et très grave du virus de l’influenza. C’est cette souche qui pourrait causer une pandémie de grippe aviaire.
L’épidémie de grippe aviaire qui sévit en Asie depuis 2003 est la plus importante jamais recensée, ayant atteint un nombre record de poulets dans plusieurs pays et ce, malgré la mort ou l’abattage de 150 millions d’oiseaux. Et le virus H5N1 circule toujours. Il est bien implanté sur une grande partie de l’Asie dans les populations de volatiles et a même été récemment identifié chez des oiseaux en Europe. La grande étendue des régions touchées par ce virus augmente ses chances de transmission et de mutation. Jusqu’à maintenant, on croit qu’une centaine d’humains auraient été infectés par l’influenza H5N1, dont la moitié en sont morts.
Des pandémies de grippe sont rares, mais ont été dévastatrices dans le passé. Trois pandémies ont marqué le dernier siècle : la « grippe espagnole »;, qui causa la mort de 40 à 50 millions de personnes à travers le monde en 1918, est considérée comme l’infection la plus mortelle à laquelle l’humanité a dû faire face. La « grippe asiatique »; de 1957 et la « grippe de Hong Kong »; de 1968 furent moins dévastatrices, entraînant respectivement deux et un millions de morts.
Personne ne peut prédire s’il y aura effectivement une pandémie de grippe et, advenant le cas, les conséquences de la maladie, mais le risque demeure présent. La seule prévention potentiellement certaine serait l’élimination de tous les oiseaux en Asie. Évidemment, cette option n’est pas réaliste. Selon des hauts responsables de l’Organisation des Nations Unies (ONU), la mesure la plus efficace demeure d’aider les pays asiatiques à arrêter la progression du virus et à prévenir le passage de la maladie de l'animal à l'être humain.
Les vaccins et les médicaments antiviraux – les armes médicales les plus efficaces pour diminuer l’intensité de l’infection et réduire le nombre de décès – risquent de manquer lors d’une pandémie. Les vaccins fabriqués pour la grippe annuelle « saisonnière »; ne seront par ailleurs pas efficaces contre cette souche étrangère de l’influenza. Aucun vaccin efficace contre la souche H5N1 n’est encore disponible, bien que plusieurs équipes de recherche à travers le monde travaillent activement à son élaboration. Pour ce qui est des médicaments antiviraux, il est impossible de prévoir quelle sera leur efficacité et leur utilité en cas de pandémie.
En attendant, rien ne sert de trop se faire d’inquiétudes, puisque tout n’est qu’hypothèses. En prévision de l’hiver, l’application rigoureuse d’une bonne hygiène des mains et la vaccination annuelle contre la grippe réduiront au moins votre risque de contracter la grippe bien « traditionnelle »;, car il ne faut pas oublier que chaque année, 1300 à 1600 Québécois décèdent de la grippe ou de ses complications. Informez-vous auprès de votre CLSC pour connaître les modalités de vaccination.