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Pour mieux comprendre la dyslexie

Publié le 21 octobre 2014 à 14:41 / Mis à jour le 11 avril 2019 à 13:58

Qu’ont en commun Edison, Einstein, Churchill, Rodin et Disney ? Chacun de ces grands hommes qui ont marqué l’histoire de l’humanité était atteint d’un trouble du développement qu’on nomme dyslexie. Il s’agit d’un trouble relativement fréquent puisque la dyslexie touche environ 10 % de la population, dont 1 à 2 % dans sa forme grave. Les garçons sont trois fois plus atteints que les filles et on remarque que les gauchers y sont également plus sujets que les droitiers. Malgré une prévalence aussi élevée, la dyslexie demeure une condition bien peu connue dans la population en général.

Qu’est ce que la dyslexie et quelles en sont les différentes formes? Comment se manifeste ce trouble du développement et quelles en sont les causes? Comment aider un enfant atteint d’un tel trouble? Cette chronique vous éclairera sur les principaux aspects d’un déficit du développement qu’on connaît trop peu.

Qu’est ce que la dyslexie?

On définit la dyslexie comme un trouble de l’apprentissage qui se reflète dans les domaines de la lecture, de l’écriture et de l’épellation. L’enfant atteint présente typiquement une difficulté de décodage qui s’exprime à différents niveaux, et selon différentes intensités. On sait que ce trouble survient en dépit d’une scolarisation régulière, d’une intelligence normale et d’un milieu socioculturel propice au développement de la lecture.

Un enfant atteint de dyslexie en ressentira des effets perturbateurs durant toute sa vie car certaines habiletés ne parviendront jamais à s’automatiser complètement. Par exemple, un enfant atteint de ce trouble peut lire deux à trois fois plus lentement qu’un lecteur habituel et nécessitera six à huit heures pour lire un texte qui prendrait normalement trois heures aux autres enfants.

Les recherches sur la dyslexie ont permis de montrer que la dyslexie se divise en différentes formes, qui peuvent être motrices, visuelles ou phonétiques. C’est ainsi qu’on distingue la dysnemkinésie, une dyslexie motrice, qui se manifeste par une difficulté à faire la différence entre les lettres et à mémoriser les symboles qui représentent les lettres et les chiffres.

La dyséidésie est une dyslexie visuelle qui s’exprime par une difficulté à reconnaître l’expression visuelle des mots, et à y faire appel à l’écrit. La dysphonésie est une dyslexie phonétique. L’enfant qui présente ce dernier type de dyslexie aura peine à faire l’analyse des mots inconnus. La plupart des personnes qui souffrent de dyslexie présentent ces trois formes de la maladie de façon concomitante. Cela explique pourquoi on résume habituellement ces conditions spécifiques sous le terme plus général de dyslexie, qui désigne en fait l’ensemble des différentes formes de ce trouble d’apprentissage, sous leurs manifestations orales ou écrites.

Comment se manifeste la dyslexie?

La dyslexie se présente typiquement par un manque de fluidité et de précision à la lecture et à l’écrit. On remarque une difficulté à décoder les lettres et les mots, ce qui se traduit par de nombreuses erreurs de prononciation ou d’orthographe. La manifestation la plus commune de la dyslexie consiste à inverser les lettres de forme voisine (comme le d et le b, le p et le q), lesquelles peuvent être considérées comme étant une seule et même lettre. Il peut également y avoir confusion entre les sons, par exemple entre ch et j, t et d, g et k, b et p. L’enfant dyslexique modifie souvent les séquences de lettres (per, pre, bra, bar, pain, pian), omet des lettres ou des syllabes et présente une difficulté à faire correspondre les sons entendus aux lettres qui les représentent. Il s’ensuit une lecture lente, saccadée et hésitante.

Dans certains cas, les dyslexiques peuvent avoir peine à mémoriser l’ordre de l’alphabet, des mois et des jours de la semaine, alors qu’ils se souviendront sans mal des évènements. Une calligraphie et un langage pauvre, une tendance à l’hyperactivité, un manque de concentration et de coordination, une difficulté en calcul, un bégaiement, un problème chronique de gestion du temps, une imagination très fertile, une difficulté avec l’orientation spatiale, un retard dans le développement physiologique et psychologique ainsi qu’un trouble de la mémorisation sont également des caractéristiques qu’on peut retrouver chez les dyslexiques, à différentes intensités.

C’est en fait l’addition de ces manifestations chez une même personne qui caractérise la dyslexie. La gravité d’un cas dépend plus de l’intensité des différentes manifestations que du cumul de ces dernières. Comme la lecture et l’écriture constituent des matières plus ardues pour les personnes souffrant de dyslexie, celles-ci favorisent souvent l’expression orale au détriment des autres modes de communication.

Quoique l’expression orale soit beaucoup plus naturelle pour les dyslexiques, certaines difficultés sont toujours possibles à ce niveau. Une prononciation inadéquate de certains mots avec inversion des lettres ou ajout de syllabes sont les erreurs les plus fréquentes qu’on observe à l’oral (par exemple : prononcer spychologue ou lieu de psychologue).

Quelles sont les causes de la dyslexie?

Les causes de la dyslexie étaient très peu connues jusqu’à très récemment. Par le passé, on attribuait à tort ces manifestations à des troubles psychologiques ou affectifs. Les récentes découvertes dans le domaines nous permettent de penser que les causes de la dyslexie sont toute autre. Les preuves s’accumulent présentement en faveur d’une explication à la fois neurologique et génétique.

L’étude du cerveau humain nous fournit une meilleure connaissance des mécanismes du langage humain. Le langage et son décodage sont des mécanismes très complexes qui font appel à une multitude de fonctions cérébrales qui se situent au niveau supérieur du fonctionnement général du cerveau humain. La dyslexie serait attribuable à un mauvais fonctionnement des mécanismes fondamentaux des fonctions permettant l’acquisition et l’utilisation du langage. Des images du cerveau en action obtenues par imagerie cérébrale ont permis de montrer que les dyslexiques n’utilisent pas les mêmes parties du cerveau durant la lecture. Certaines zones normalement impliquées en lecture sont sous-activées, ce qui explique les différentes difficultés qu’éprouvent les personnes qui souffrent de dyslexie.

On pense également que la dyslexie aurait une composante héréditaire, plusieurs membres d’une même famille présentant souvent les mêmes symptômes et difficultés spécifiques. On estime que près de 10 % de la population souffre de dyslexie. Les probabilités de présenter ce trouble grimpent à 50 % chez les enfants dont l’un des parents est dyslexique, et à 70 % si on a un jumeau identique dyslexique. Des chercheurs britanniques ont récemment affirmé avoir découvert le gène responsable de ce trouble, confirmant une fois de plus l’idée que la dyslexie pourrait avoir une composante héréditaire.

Comment dépister et diagnostiquer la dyslexie chez un enfant?

Mentionnons premièrement qu’il est tout à fait normal qu’un enfant éprouve des difficultés d’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Cela ne veut pas pour autant dire qu’il est dyslexique. Un enfant qui éprouve un réel problème d’apprentissage se distingue par l’ensemble des erreurs et des difficultés rencontrées, mais également par la fréquence et la persistance de ces dernières.

Les enfants dyslexiques présentent classiquement des difficultés de décodage qui dépassent largement celles qu’on rencontre normalement à un âge donné. Au cours des premières années de l’école primaire, une lecture lente et laborieuse ainsi qu’un apprentissage difficile de l’orthographe chez un enfant pourtant intéressé à l'expression orale et bon en calcul sont des signes qui peuvent sonner l'alerte.

Les éducateurs et les parents doivent être à l’affût de ces indicateurs qui peuvent mettre la puce à l’oreille. Un problème grave se manifeste généralement dès la petite école. Il arrive cependant qu’une dyslexie plus légère passe inaperçue dans l’enfance, pour ne se révéler qu’ultérieurement.

Un diagnostic précoce est souhaitable pour l’enfant qui présente une dyslexie afin de lui donner les outils et les moyens de favoriser l’apprentissage du langage écrit. Lorsque les professeurs, les parents, l’entourage ou le médecin de famille soupçonne un tel trouble chez un enfant, il est impératif de consulter un médecin. Il peut être avisé de rencontrer au préalable un médecin ORL ou ophtalmologiste afin de s’assurer que l’enfant ne présente pas de déficience fonctionnelle qui pourrait expliquer les difficultés présentées. Suite à cela, une visite chez l’orthophoniste ou le médecin phoniatre est nécessaire afin de procéder à un bilan complet de la situation pour ainsi poser le diagnostic de dyslexie et envisager une rééducation adéquate.

À la suite d’un diagnostic de dyslexie, un suivi étroit de la part des intervenants est de mise afin de s’assurer d’un développement adéquat de l’enfant.

Comment aider un enfant dyslexique?

La dyslexie est une cause majeure d’échec scolaire et peut également avoir des répercussions négatives sur la vie professionnelle et sociale durant toute la vie d’une personne atteinte. Les conséquences d’une dyslexie mal prise en charge peuvent être dévastatrices sur le développement humain. Un enfant dyslexique qui manque de soutien développera progressivement un dégoût pour l’écrit et un désintérêt pour les matières qui font appel aux habiletés langagières. La lenteur de l’exécution des lectures entraînera une difficulté dans les travaux scolaires qui peut aller jusqu’à l’échec.

Également, le manque de compréhension de l’entourage envers ce trouble de l’apprentissage entraîne des commentaires négatifs qui minent l’estime de soi de l’enfant. Toutes ces conditions circonscrivent un contexte d’apprentissage très difficile pour les enfants. C’est pourquoi une prise en charge adéquate et précoce est essentielle au développement harmonieux de ces enfants.

La reconnaissance et le diagnostic du trouble d’apprentissage constituent une première étape cruciale dans la prise en charge de l’enfant. Le fait de cibler le problème avec précision permet de modifier les stratégies d’enseignement et d’évaluation afin de donner une chance équitable à l’enfant. On tentera donc de développer des tactiques pour donner le goût de la lecture chez l’enfant dyslexique, ce qui passe nécessairement par le développement des habiletés langagières. Pour se faire, un partenariat ainsi qu’un suivi étroit entre les intervenants en éducation et la famille sont des composantes essentielles du succès de l’opération.

On peut proposer à l’enfant des exercices pour développer sa conscience phonologique (c’est-à-dire le fait de reconnaître les sons qui correspondent aux lettres et aux unités de mots) ainsi qu’un enseignement multisensoriel, auquel les dyslexiques répondent mieux. Une certaine rééducation peut également être de mise. Des orthopédagogues et des orthophonistes peuvent intervenir dans le traitement des sons et le renforcement de l’intégration du code écrit. Il importe avant tout de donner à l’enfant les moyens de réussir, de mettre l’emphase sur ses forces et de lui rappeler que malgré ses difficultés à l’écrit et à la lecture, il est intelligent et qu’il peut réussir autant qu’un autre. Offrir à l’enfant un milieu d’apprentissage positif, stimulant, axé sur ses forces et le suivre durant les années critiques de son développement peut lui permettre de développer normalement ses capacités, et d’éviter les stigmates possibles d’un tel trouble du développement.

L’expérience prouve que dans de bonnes conditions environnementales et avec un soutien adéquat, les manifestations de la dyslexie peuvent pratiquement disparaître avec le temps si elles sont d’intensité légère. Les cas plus graves peuvent conserver une légère faiblesse à l’écrit mais sans que cela ne soit trop handicapant pour les activités de la vie courante.

En résumé, la dyslexie est un trouble d’apprentissage fréquent, touchant près de un enfant sur 10. Ces enfants présentent une difficulté particulière au niveau du décodage du langage écrit, ce qui entraîne des répercussions au niveau de la lecture et de la communication orale. Les enfants atteints de dyslexie ont toutefois une intelligence tout à fait normale et sont souvent très doués dans d’autres domaines, comme la mécanique, les mathématiques, les arts, la musique.

Le fait de mieux connaître les manifestations et les causes de la dyslexie permet de mieux cerner ce trouble fréquent, d’éviter les idées préconçues envers un trouble qu’on connaît trop peu, et surtout de fournir à l’enfant atteint un contexte favorable à son développement!

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