Qu’en est-il exactement des vertus thérapeutiques du soya?
De la réduction des bouffées de chaleur durant la ménopause à la prévention des maladies cardiovasculaires, les propriétés attribuées au soya sont multiples. Qu’en est-il réellement? Le soya est-il un superaliment aux propriétés quasi thérapeutiques ou simplement une légumineuse particulièrement nutritive? Le débat fait rage, et les données à ce sujet sont souvent contradictoires. Une méta-analyse américaine récemment parue apporte certains éléments de réponse mais contribue à relancer le débat de plus belle!
Le soya est considéré comme étant le végétal le plus nourrissant pour la santé. La protéine de soya contient tous les acides aminés essentiels, ce qui en fait le seul aliment végétal comparable à la viande, au poisson et aux oeufs du point de vue des protéines. Selon certains, ce sont les isoflavones, ou phytoestrogènes, contenues dans le soya qui lui confèrent des vertus pour la santé. On pense notamment que ces composés ont une activité similaire aux estrogènes, les hormones sexuelles féminines, mais avec une activité 1000 fois moindre.
L’objectif de la méta-analyse américaine était de sonder les vertus du soya, non pas comme aliment mais bien comme élément thérapeutique. Les chercheurs ont examiné les résultats de près de 200 essais cliniques visant à investiguer la valeur préventive ou thérapeutique du soya pour différents troubles, dont les manifestations indésirables de la ménopause, la faible densité osseuse, les troubles rénaux, le déclin de la fonction cognitive, le cancer, l’hyperglycémie, le taux anormal de cholestérol et les maladies cardiovasculaires. L’analyse des différentes études parues sur le sujet ne met pas en lumière de preuves particulièrement convaincantes des vertus thérapeutiques du soya. La légumineuse ne serait pas plus efficace qu’un placebo dans la majorité des essais cliniques passés au crible. Les seules données probantes obtenues, colligées dans près de 68 essais cliniques, concernent une certaine efficacité à maîtriser le taux de cholestérol. L’usage du soya pourrait contribuer à abaisser le cholestérol total de 2,5 %, le taux de mauvais cholestérol (LDL) de 3 % et le taux de triglycérides de 6 %, ce qui représente un gain plutôt modeste, bien loin de ceux obtenus avec les molécules pharmaceutiques spécialement conçues à cet effet. Le Dr Denis Gingras, chercheur à l’Hôpital Sainte-Justine et coauteur du livre Les aliments contre le cancer, commente la méta-analyse et nuance habilement le sujet. Il rappelle qu’il peut être particulièrement difficile d’évaluer les vertus thérapeutiques d’un aliment, tout spécialement dans le cas du soya pour lequel diverses préparations existent sur le marché. Dr Gingras soutient qu’en matière de bénéfices alimentaires, c’est l’ensemble du régime alimentaire qu’il faut considérer et non pas un aliment isolé. La période de temps durant laquelle l’aliment est consommé peut également influencer les résultats. Les études évaluées par la méta-analyse étaient souvent de courte durée, alors que plusieurs éléments nous portent à penser que les bénéfices sont plus importants avec une consommation régulière et de longue durée, débutée dès la prépuberté.
Même si on ne peut conclure sur les propriétés thérapeutiques du soya, il n’en demeure pas moins un aliment clé à introduire dans son alimentation!