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Le cannabisme : comprendre les impacts sur les ados

Publié le 16 décembre 2020 à 5:00 / Mis à jour le 22 décembre 2020 à 18:29

La légalisation du cannabis au Québec permet aux adultes de 21 ans et plus1 d’en consommer et de s’en procurer. Il est toutefois probable que votre adolescent sera mis en contact un jour ou l’autre avec cette drogue avant d’atteindre cet âge. La légalisation engendre donc un lot de questions chez les parents, et c’est pourquoi Familiprix propose, en collaboration avec Vie de Parents, ce tour d’horizon pour y voir plus clair.

Le cannabis, c’est quoi?

Le cannabis est une drogue naturelle dérivée de la plante du même nom. On l’appelle aussi pot, marijuana, mari, weed ou herbe. La plante contient des cannabinoïdes, des composés chimiques produits naturellement qui agissent sur le corps et le cerveau. Les deux principaux cannabinoïdes sont le tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD). Leurs concentrations varient d’un produit à l’autre et parfois dans un même produit selon plusieurs facteurs, comme les différentes conditions de culture du cannabis.

Les effets du cannabis

Le cannabis est reconnu pour ses effets psychotropes et physiques. Il peut modifier les perceptions, l’humeur, le comportement et même les sensations physiques. Les effets peuvent varier d’une personne à une autre. Par exemple, on peut ressentir autant des effets physiques liés à la détente du corps, comme une sensation de lourdeur, la somnolence ou, au contraire, avoir une envie plus grande de bouger. Les effets psychologiques souvent cités sont la diminution du stress et de l’anxiété ou l'augmentation de la concentration et de la créativité.

Les consommateurs décrivent certaines sensations comme un sentiment d’euphorie ou de joie qui se traduit parfois par des fous rires incontrôlables. Cette euphorie est souvent reliée au CBD plutôt qu'au THC.

La consommation régulière de drogue, comme le cannabis, peut altérer le développement de certaines fonctions cognitives à long terme (mémoire, apprentissage). La consommation de cannabis peut amener le développement de maladies mentales, telles que la schizophrénie.2

Si votre enfant prend de la médication (TDA/H, antidépresseurs, etc.) la consommation de cannabis peut venir contrer les effets désirés de la médication.3

Le cannabis, en chiffres

22% des adolescents québécois de 15 à 17 ans et près de 36,5 % des jeunes de 18 à 24 ans consomment du cannabis.

30 à 60 représente le nombre de minutes avant que les effets du cannabis ingéré se fassent sentir. Ces effets peuvent durer de 6 à 8 heures et parfois davantage.

1 personne sur 11 qui consomme du cannabis présentera un trouble lié à l'usage de ce produit au cours de son existence. Chez les adolescents, c'est 1 jeune consommateur sur 6 qui présentera une consommation problématique.

Consommation problématique

La consommation de cannabis peut devenir problématique lorsqu’une personne perd le contrôle de sa consommation et en subit des conséquences négatives dans différentes sphères de sa vie. Certaines personnes peuvent devenir dépendantes du cannabis, comme c'est le cas pour d'autres substances. La personne peut:

  • Développer une tolérance à la substance, c’est-à-dire qu’elle a besoin d’augmenter sa consommation pour ressentir le même effet;
  • Présenter des symptômes de « manque » lorsqu’elle diminue ou cesse sa consommation;
  • Avoir un fort désir de consommer;
  • Être incapable de cesser sa consommation;
  • Passer une partie importante de ses journées à se procurer ou à consommer du cannabis, ou à se remettre de sa consommation;
  • Consommer de façon répétée, ce qui l’empêche de remplir ses obligations majeures au travail, à l’école ou à la maison;
  • Consommer malgré des problèmes personnels ou sociaux liés à la consommation;
  • Réduire ou abandonner le temps accordé à des activités sociales, professionnelles ou de loisirs à cause de sa consommation.

Le risque de la dépendance

  • La consommation pourrait influencer le développement de certaines zones du cerveau qui se font jusqu’à la mi-vingtaine;4
  • Il est préférable de rester à l’affût des raisons pour lesquelles votre enfant consomme. Celles-ci peuvent influencer la régularité de la consommation et l’amener à développer une dépendance;
  • Il est important de comprendre le contexte dans lequel votre ado peut consommer. S’il consomme seul dans sa chambre, il est primordial de se questionner sur les raisons qui le poussent à consommer : anxiété, tristesse, peine d’amour, etc. C’est dans ce genre de contexte qu’il est plus dangereux qu’il consomme, parce qu’il ne le fait pas par curiosité ou de façon sociale, mais pour gérer ses émotions. Il y a donc plus de risques qu’il devienne dépendant et se retrouve dans des situations malheureuses (consommation à l’école, problèmes avec la police, etc.).

Les individus qui consomment régulièrement du cannabis peuvent présenter un manque d’intérêt pour d'autres activités que la consommation (études, travail, loisirs, etc.). Ils peuvent aussi présenter des symptômes dépressifs, comme une grande tristesse, de la fatigue, de l’irritabilité ou le sentiment d’être dévalorisé.

Mon ado consomme, comment réagir en tant que parent?

La légalisation de cette substance peut banaliser les risques de sa consommation. Cependant, comme l’alcool et le tabac, son utilisation comporte des risques. En tant que parents, que vous soyez pour ou contre la législation du cannabis, vous devez prendre position, vous informer sur le sujet et discuter des impacts sur la vie et la santé de votre adolescent.

Quelques pistes à explorer:

  1. Donner des outils pour garder de saines habitudes de vie. «La meilleure façon de faire la promotion de saines habitudes de vie est de faire quelques petits changements de votre côté. Ainsi vous pourrez agir à titre de modèle pour votre enfant.» Geneviève Harvey-Miville, éducatrice spécialisée.
  2. Exprimez votre opinion sur la consommation de cannabis de façon claire et concise. Parler au «je» aide à montrer son ouverture à la discussion. Parlez-lui de vos expériences si vous avez déjà consommé et sur les risques que cela comporte.
    «Souvenez-vous que les adolescents sont sensibles aux jugements. Il faut être clair sur notre position tout en évitant de juger les consommateurs.» Geneviève Harvey-Miville, éducatrice spécialisée.
  3. Fournissez de l’information sur les effets du cannabis. La banalisation de la consommation de cette drogue peut amener votre enfant à moins bien évaluer les risques qui y sont associés.
  4. Votre adolescent peut réagir de différentes façons face à votre opinion sur le sujet. Il peut s’y souscrire, il peut consommer en cachette ou même tenter de vous faire réagir en consommant de façon délibérée. La prévention passe par les échanges et la discussion. Démontrez une ouverture à discuter du sujet. Gardez votre porte ouverte. Votre adolescent pourra se rapporter à vous le moment opportun.
  5. Tentez de comprendre quels besoins sont comblés par la consommation de cannabis. Sensibilisez votre adolescent aux risques associés à la consommation et orientez-le vers des alternatives pour les combler de façon plus saine.

    Voici quelques raisons qui pourraient inciter votre adolescent à consommer du cannabis:

    - Pour s’amuser et se détendre;
    - Pour l’expérience;
    - Pour combler ou vivre le sentiment d’appartenance à un groupe.


  6. Si votre ado essaie de cacher un mal-être sous la consommation, n’hésitez pas à faire appel à des services du côté de l’école ou du CSSS afin de travailler sur la problématique derrière sa consommation.
  7. En tout temps, assurez une présence sécuritaire. Si votre enfant vous appelle car il n’est pas en mesure d’entrer à la maison par lui-même, gardez vos réprimandes et valorisez le fait qu’il n’a pas pris le risque de conduire ou d’embarquer avec quelqu’un qui a consommé. La discussion sera plus positive et plus clair dans votre esprit et celui de votre adolescent.

«Souvenez-vous : comme parents vous ne pouvez pas empêcher la consommation de tabac, de drogue et/ou d’alcool, mais vous pouvez les accompagner vers des choix éclairés et sécuritaires pour eux.» Geneviève Harvey-Miville, éducatrice spécialisée.

Quand dois-je m’inquiéter?

Les jeunes peuvent être impulsifs et ont souvent un sentiment de superpuissance (invincibilité) qui les pousse à adopter des comportements aux limites de l’extrême et de la dangerosité. Certains aussi sont influençables et peuvent se retrouver à consommer des substances sous la pression des pairs.

Toutefois, sans banaliser les effets du cannabis, il est important de se rappeler que la simple expérimentation de cette substance ne comporte pas, en soi, de grands risques. Évitez de dramatiser une telle expérience et faites confiance à votre enfant en lui offrant un accompagnement et des ressources pour l’aider à faire des choix éclairés et prévenir des comportements plus risqués.

Cependant, si votre jeune manifeste les signes suivants, il serait important de voir à comprendre ce qui lui arrive et à lui offrir une aide plus soutenue:

  • Un changement notable dans son humeur, ses habitudes ou ses comportements;
  • Une perte d’intérêt pour ses activités habituelles;
  • Des contacts moins fréquents avec ses proches, de l’isolement;
  • Des mensonges;
  • Une quête d’argent ou des dépenses inexpliquées

«Nous devons porter également attention au changement au sein du cercle d’ami ou aux appels plus fréquents de la part du milieu scolaire.» Geneviève Harvey-Miville, éducatrice spécialisée.

«Avant d’amorcer une discussion avec votre adolescent, prenez d’abord le temps de réfléchir sur vos propres valeurs et positions sur le sujet. Vous serez ainsi plus en contrôle du message que vous voulez transmettre et aussi mieux préparé. Afin d’entretenir une discussion constructive autant pour vous que pour votre ado, choisissez un moment où vous êtes disponible (de corps, d’esprit et d’émotion). Vos échanges seront alors plus faciles et plus constructifs. Pour certains parents, le simple fait de discuter de cette thématique donne l’impression d’accepter ces habitudes, mais rappelez-vous que discuter de la consommation ne vous fait pas endosser ce comportement.» Geneviève Harvey-Miville, éducatrice spécialisée.

Il est primordial de garder le canal de communication ouvert pour que votre jeune puisse se sentir à l’aise de vous raconter ses expériences, ses craintes et des questionnements. Peut-être que votre adolescent ne voudra pas en discuter au moment où vous aborderez cette délicate question, mais en lui faisant comprendre que vous gardez une porte ouverte, il pourra se référer à vous au moment opportun.


En collaboration avec Vie de Parents




Sources

1- L'information contenue dans cette page ne remplace pas celle du texte de loi, qui a valeur officielle. De plus, elle n’est pas exhaustive.

2- https://www.inspq.qc.ca/cannabis/effets-potentiels-sur-la-sante

3- https://www.viedegrandsparents.ca/je-suis-grand-parent/la-marijuana-legale-mais-toujours-risquee/

4- http://www.scientifique-en-chef.gouv.qc.ca/impacts/ddr_jeunes-cannabis-vrai-faux/

https://www.sqdc.ca/fr-CA/connaitre-le-cannabis/thc-cbd-cannabinoides

https://encadrementcannabis.gouv.qc.ca/le-cannabis/consequences-negatives-possibles-sur-la-sante-de-la-consommation-reguliere-de-cannabis/

https://www.cps.ca/fr/documents/position/cannabis-les-enfants-et-adolescents

https://www.inspq.qc.ca/cannabis/effets-potentiels-sur-la-sante

https://www.ccsa.ca/sites/default/files/2019-04/CCSA-Effects-of-Cannabis-Use-during-Adolescence-Report-2015-fr.pdf

http://www.scientifique-en-chef.gouv.qc.ca/impacts/ddr_jeunes-cannabis-vrai-faux/

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