Le germe d’une idée
Louis Pasteur, le microbiologiste ayant confirmé que les microbes causent les maladies, avait fait deux observations essentielles en étudiant les vers à soie : premièrement, leur infection est contagieuse et deuxièmement, les vers transmettent l’infection à leur progéniture. Si la première affirmation a permis le développement des antibiotiques, la seconde a longtemps été oubliée. Près de 150 ans plus tard, l’idée que la susceptibilité aux infections peut être héritée refait surface.
On pense que certaines personnes ne peuvent produire certaines molécules essentielles au système immunitaire parce qu’elles présentent une mutation d’un ou de plusieurs gènes. C’est pourquoi elles seraient plus susceptibles aux infections.
Prenons le virus de l’herpès simplex comme exemple. Infectant 80 % des adultes, son pire symptôme est habituellement le fameux feu sauvage. Pour quelques enfants malchanceux, le virus cause toutefois une inflammation du cerveau qui peut entraîner des lésions pouvant mener à de l’épilepsie, à des retards mentaux ou au décès. Un médecin a identifié deux mutations génétiques chez des enfants ayant survécu à la maladie : dans les deux cas, leur organisme ne produisait pas suffisamment d’interféron de type 1, une molécule qui joue un rôle dans l’immunité innée (c.-à-d. avec laquelle on naît). Cette découverte semble donc indiquer que cette maladie n’est pas purement infectieuse, tel qu’on le croyait auparavant. Des mutations génétiques semblent en effet accroître la susceptibilité de certaines personnes à souffrir d’herpes simplex. Une demi-douzaine de maladies où des mutations semblent jouer un rôle similaire ont déjà été identifiées.
Les personnes qui présentent ces mutations semblent donc plus prédisposées aux infections que celles qui n’en ont pas. Cette information pourra maintenant être utilisée pour mettre au point des traitements mieux adaptés. Ainsi, on pourrait fournir aux personnes souffrant d’une infection et présentant une ou des mutations génétiques, les molécules que leur système immunitaire ne peut fabriquer. La prochaine génération d’antibiotiques pourrait bien avoir comme cible le système immunitaire de l’humain plutôt que les microbes mêmes.
Finalement, la seconde observation de Pasteur, l’hérédité de la susceptibilité aux infections, pourrait bien, elle aussi, mener à des traitements révolutionnaires.