Dépression saisonnière : la rétine serait en cause
Le retour de la période hivernale marque pour certaines personnes le début d’une période plus difficile. Manque d’énergie, fatigue et besoin accru de sommeil deviennent le quotidien de 15 à 25 % de la population. Quelques-uns sont affectés plus durement et souffrent de dépression saisonnière. À ces symptômes peuvent s’ajouter une humeur dépressive, une augmentation de l’appétit pour des aliments sucrés, une diminution de l’intérêt et de la motivation, des difficultés de concentration, un gain de poids et une plus grande irritabilité.
La luminothérapie permet généralement d’améliorer les symptômes dépressifs chez bon nombre de personnes, sans que l’on puisse expliquer spécialement pourquoi. Des chercheurs de Québec seraient parvenus à expliquer comment agit la thérapie par la lumière pour améliorer l’humeur.
Selon eux, la luminothérapie exerce un effet biologique sur le fonctionnement de la rétine, la mince membrane qui tapisse la paroi intérieure de l’oeil et qui nous permet de voir. Normalement, la lumière qui pénètre dans l’oeil est captée par la rétine, qui transforme l’énergie lumineuse en énergie électrique. Le nerf optique transmet cette énergie au cerveau où elle est interprétée en images. Les signaux électriques produits par la rétine influenceraient également des neurotransmetteurs (des messagers chimiques dans le cerveau) tels la sérotonine qui régularise l’humeur et la mélatonine qui règle les cycles quotidiens d’éveil et de sommeil. C’est à ce niveau que la luminothérapie serait bénéfique.
Les chercheurs ont mesuré l’activité électrique dans la rétine de personnes atteintes de dépression saisonnière ou non. Ils ont démontré que l’activité de la rétine diminuerait de façon significative entre l’été et l’automne chez les personnes souffrant de dépression saisonnière, alors que chez les personnes qui n’en souffraient pas, la rétine fonctionnerait toujours normalement. Cette baisse de l’activité de la rétine n’affecte pas la vision. Elle serait cependant le reflet du dérèglement des neurotransmetteurs, probablement à l’origine des symptômes dépressifs.
Les chercheurs ont pris deux séries de mesure : avant un traitement de luminothérapie et après une exposition quotidienne de 30 minutes pendant quatre semaines. À la fin de l’étude, l’état de tous les participants s’était amélioré d’au moins 50 %. Plus de 80 % des gens n’avaient plus aucun symptôme de dépression saisonnière. Ces résultats sont excellents, compte tenu du fait qu’on obtient un taux de réussite de 60 à 70 % avec un traitement antidépresseur.
Les lampes utilisées en luminothérapie sont différentes de celles couramment utilisées dans nos maisons. Elles dégagent une luminosité beaucoup plus intense, mesurée en lux. Les lampes de luminothérapie ont généralement une intensité de 5000 à 10 000 lux, soit l’équivalent d’au moins le dixième de la luminosité d’une journée ensoleillée d’été ou de dix fois l’éclairage normal d’un bureau. Il suffit parfois d’aussi peu que 30 minutes d’exposition par jour, généralement le matin, pour obtenir des bénéfices. Pour que l’exposition soit efficace, la lumière doit atteindre la rétine. On peut donc s’asseoir à environ 50 centimètres de la lampe pour lire le journal, déjeuner ou travailler à l’ordinateur. La plupart des gens notent des améliorations durant les deux premières semaines suivant le début du traitement. Les symptômes réapparaissent si on cesse les séances de luminothérapie.
Plusieurs pharmacies et centres d’orthopédie louent ou vendent de telles lampes. Il est toujours préférable de discuter auparavant avec son médecin de ses symptômes afin de s’assurer de suivre le traitement approprié.
Pour vous encourager, dites-vous que la période de luminosité augmentera de nouveau dans quelques jours. Chaque matin nous rapproche du printemps et des beaux jours, même si la météo nous permet parfois d’en douter!