Les racines génétiques de l’hypertension: une nouvelle approche de la maladie
Il existe plusieurs facteurs qui augmentent le risque de souffrir d’hypertension. On estime que 50 % de ceux-ci seraient modifiables, alors que les autres seraient prédéterminés dès la naissance par le code génétique et feraient partie intrinsèque de chaque individu. On parle plus souvent des facteurs sur lesquels on peut avoir une influence, c’est-à-dire ceux qui peuvent s’améliorer soit par un changement de notre comportement, soit par un traitement pharmacologique. Le tabagisme, l'hypercholestérolémie, le diabète, l'obésité et l'inactivité physique font partie des facteurs de risque « modifiables » sur lesquels il est possible d’avoir un impact.
Les facteurs non modifiables, quant à eux, sont plus souvent laissés dans l’ombre. Il ne faut pas pour autant sous-estimer leur importance! Il s’agit en fait de la prédisposition génétique naturelle de chaque individu pour telle ou telle maladie. Cette prédisposition génétique est bien connue pour certaines maladies alors que pour l’hypertension, cet aspect demeure encore peu exploré.
Une étude menée par le Dr. Pavel Hamet, directeur de la recherche au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), amène quelques éléments de réponse à ce sujet. L’objectif de l’étude était de voir s’il était possible d’identifier des composantes génétiques, donc transmises par les parents aux enfants, qui déterminent la nature de l’hypertension artérielle de chaque individu. La collecte des données a été réalisée auprès de quelques 120 familles québécoises du Saguenay-Lac-St-Jean pour lesquelles l’arbre généalogique depuis les 300 dernières années à été retracé. En analysant le code génétique des individus, les chercheurs ont d’abord pu identifier 46 zones spécifiques sur les chromosomes qui seraient associées à une tension artérielle élevée et à différents problèmes cardiovasculaires. L’analyse rétrospective des 16 dernières générations familiales a permis de mettre en évidence le fait qu’il y a effectivement un lien génétique qui prédétermine les différents types d’hypertension. Ainsi, une famille peut présenter un type particulier d’hypertension transmise de génération en génération, alors qu’une autre famille présentera un type légèrement différent.
Avec ces résultats, il est raisonnable de se demander si deux individus qui ne présentent pas le même type d’hypertension bénéficieraient de façon égale d’un traitement identique. L’état de nos connaissances actuelles ne nous permet pas de répondre à cette question. Les chercheurs espèrent cependant que l’on mette au point un test sanguin capable de détecter de façon spécifique des anomalies de l’ADN, ce qui permettrait un meilleur diagnostic et une amélioration au traitement antihypertenseur de chaque individu. Cette étude ne constitue qu’un premier pas dans la recherche génétique sur l’hypertension. Les chercheurs croient que plusieurs gènes interagissent entre eux pour déclencher la maladie. Il reste donc à identifier ces liens pour modifier l’approche médicale actuelle de l’hypertension.